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Faire entrer un carré dans un rond

Publié le par Cédric DOUMERC@conscious_soul

Ça se résume à ça d’essayer de comprendre ou expliquer des actes terribles.

Parce que pour comprendre, il faut éliminer tout ce qui entoure le problème, découper pour en atteindre le cœur, jusqu’à le mettre à nu. Sous les couches de haine dont on l’a enveloppé, sous les ceintures d’explosifs que d’autres lui ont donnés, sous l’emprise que ces autres ont sur lui, il y a un homme ou une femme.

Un homme ou une femme, que vous ou moi, la société si vous voulez, ses parents, un homme ou une femme n’avons pas su aider. Quelqu’un que nous avons échoué à aider. Un individu.

Condamner cet individu sans se poser plus de questions c’est renforcer les croyances qui animent ceux qui le suivent et ceux qui l’ont envoyé là.

Ces kamikazes ne sont malheureusement pas les gardiens de la haine, ils sont les gardiens de la peur. Ils ne sont pas « fous » comme on voudrait nous le faire croire. Ils savent ce qu’ils font dans ce raisonnement incohérent qui les anime. Ce raisonnement savamment implanté, mot après mot, phrase après phrase par des gens auxquels personne en bonne santé mentale, personne qui n’ait été marginalisé, opprimé, méprisé n’accorderait la moindre foi.

La radicalisation ne prend pas dans les cœurs apaisés et sereins, l’embrigadement ne saura toucher quelqu’un qui se sent à sa place, aimé ou soutenu.

Mais en faire nos ennemis, les faire passer pour idiots ou fous nous permet de dormir plutôt que d’affronter nos responsabilités. Chaque personne qui rejoint ces voix de la haine est une personne à qui nous n’avons pas tendu la main, que nous n’avons pas aidée.

Ceux qui « basculent » étaient en équilibre hier encore. Nous n’avons pas su faire pencher la balance dans le bon sens.

Que les choses soient claires, je n’excuse rien, j’expose des faits.

Un être humain a toujours le choix. Et c’est ce que nous sommes tous, des êtres humains. Imparfaits, hésitants, héritiers de problèmes dont nous ne saurions être tenus pour responsables. Il y a bien trop de choses aujourd’hui dont nous sommes responsables pour y ajouter le fardeau de nos ancêtres.

Ce dont nous sommes responsables, c’est d’aujourd’hui.

C’est de participer à l’émancipation d’hier, de tendre la main ou non. Nous avons tous les moyens pour mettre en perspective ce qu’on nous présente, et sommes encore un peu libres d’agir. Et nous, nous qui sommes censés être les gentils, être civilisés, intelligents, peut-être est-il temps que nous prenions parti autrement qu’en allant boire à la terrasse des cafés en signe de résistance.

Nous acceptons sans sourciller les mensonges et les zones d’ombres des livres d’Histoire, soi-disant détenteurs de Notre histoire. Nous acceptons ce simulacre d’intégration consistant à réunir les gens entre eux, les entasser le plus souvent, par couleur de peau, tranches de revenus, par religion. Nous acceptons les différentes vitesses de la justice. Nous acceptons une hypocrisie française à laquelle nous sommes habitués. Les choses n’ont pas qu’un seul aspect et nous ne sommes pas immaculés.

Assumer ses responsabilités dans un conflit c’est ôter l’arme de la désinformation à son adversaire.

Il y a tant de ramifications à ce que nous vivons aujourd’hui que personne ne détient la vérité pleine et entière. Encore moins la solution à ce qui nous oppose.

Il est temps plus que jamais que l’Individu redevienne le centre de nos préoccupations, pas un pays, un régime, un parti, un Dieu, ou ce que certains appellent une race. Encore moins une idée, car celles-ci sont faites pour vivre dans l’instant et évoluer au gré du temps et de leur l’environnement.

Malgré les 2000 ans qui se sont écoulés, nous n’avons rien appris de nos erreurs et nous sommes toujours prêts à les répéter encore et encore. À chercher à nous enorgueillir, à entasser le plus de richesse, à écraser, à posséder, et ce, malgré l’absurdité de la chose face à la courte durée de nos existences.

L’Homme ne veut pas apprendre, et quand il sait, il ne veut pas agir.

Pour preuve, je ne suis pas spécialement pacifiste, et je serai sans doute prêt à tuer si on s’en prenait aux miens. Bien que je sache que répondre à la mort par la mort ne fait que perpétuer le système qui nous explose au visage. Ce n’est qu’au prix de notre propre changement que ce qui nous entoure changera.

Je ne suis pas utopiste, vivre ensemble est possible. Mais oui, c’est parfois difficile, nous avons beaucoup à faire, à accepter, et des concessions à consentir pour y parvenir.

Je ne suis pas utopiste, pas plus que ceux qui croyaient en quelque chose, que quelque chose était réalisable avant que cela ne se produise. Jusqu’à ce que cela se produise. Quant à être raillé, je sais déjà par expérience que le propre de l’idiot est de tourner en dérision ce qu’il ne peut comprendre. Mais peu m’importe, j’ai du temps pour expliquer ce en quoi je crois et l’inculquer à mes enfants.

Car je crois en ce monde et si je ne suis pas toujours en accord avec lui, ça ne veut pas dire que c’est à moi de changer. Plutôt de tout faire pour participer à son évolution.

Mes pensées sincères et mes prières vont à toutes les familles des victimes, d’où qu’elles viennent, d’où qu’elles soient et peu importe le conflit qui leur a arraché les leurs.

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