Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

#Photodujour par Cédric du 1er au 10 aout

Publié le par Cédric DOUMERC@conscious_soul

1 Aout 2018

 

Mandala

 

Dans les alluvions, le présent que nous offre la mer, et l’harmonie.

L’harmonie de l’eau qui reflue, l’harmonie dans les traits de sel qu’elle a calligraphié de l’écume, l’harmonie de nos gestes qui étalent, tournent, regroupent en Mandala les monts de sel.

La tâche est ardue et semble insignifiante, inutile, incongrue. Retirer le sel de la mer… Pourtant, ne se gorge-t-on pas du sel de la terre ?

Ce que la mer nous offre, nous le chérissons et lui en rendons grâce.

Nous savons que comme il l’est écrit dans les symboles que nous reproduisons, rien ne disparaît jamais vraiment, tout se transforme, y compris ce que nous ne pouvons voir. Tout n’est qu’une question d’harmonie.

 

3 Aout 2018

 

Hors du temps et de l’espace même il est de ces lieux qui sont un assemblage si parfait de beautés qu’ils semblent échappés d’un rêve.

Certains le disent, certains murmurent que nos rêves affectent la réalité. Combien de rêveurs ont été nécessaires à de telles constructions ? Combien ont cousu ensemble l’étoffe de leur imaginaire pour réaliser de tels édifices ?

Et quel imaginaire les a mené là ? En des lieux inconnus, aux portes du réel justement, entre deux mondes.

Si de telles créations sont possibles, je ne veux que dormir et rêver encore. Faire émerger des eaux d’autres beautés, à l’infini, jusqu’à peindre le réel de nouvelles couleurs. Le transformer, non pas à mon image, mais tenter d’en traduire ce qui nous échappe encore comme autant de symboles de possibles dont nous croyions les clés perdues.

Et s’il ne manquait que ça à l’humain, une autre vision de ses capacités et du bien dont il est capable. Ne fut-ce qu’en rêve…

 

4 aout 2018

 

L’homme change. Ou plutôt ses héritiers.

Des héritiers mâles qui n’ont cure d’être ce que l’on attend d’eux. Ce symbole impossible de virilité que leurs pères eux-mêmes n’ont jamais atteint.

Certains lèvent les drapeaux, attention, voilà presqu’un siècle que l’on transforme des hommes en femmes… Ce sont de faibles créatures que ceux qui prétendent cela. Plus viles et plus basses que l’image de l’homme qu’ils défendent.

Si l’homme était une femme comme les autres, il saurait que rien ne sert d’asservir car il l’aurait subi lui-même, il saurait qu’on ne possède pas un être humain, que tous et chacun méritent le même respect, que les pulsions sont communes à toute créature, mais que nous pouvons comme les femmes choisir de nous y abandonner ou non, sans avoir besoin de dominer en quoi que ce soit notre partenaire et ce peu importe son sexe, il saurait la valeur de la vie, de toute vie, il saurait la honte d’être rabaissé à un bout de chair, il saurait la honte de rabaisser à un bout de chair.

Il saurait tout cela et plus encore que je ne peux qu’effleurer car je ne suis moi-même qu’un de ces héritiers qui ont choisi les femmes comme maitres et comme exemples. Qui savent leur force même quand ils doutent.

Jamais je n’ai prétendu être féministe, je ne suis qu’humaniste.

Je ne suis qu’un homme qui se débat en ce monde pour faire de son mieux.

 

5 aout 2018

 

Des dizaines d’yeux m’observent sans un mot alors qu’il n’y avait rien il y a quelques secondes encore qu’un oiseau. Voilà qu’il s’est fait dieu et m’attire à lui, là où ses regards convergent.

Ce n’est pas qu’une parade, pas qu’un moyen de défense, je vois les yeux s’ouvrir et se fermer, la lumière qui s’en dégage, alors que je suis incapable de bouger. Mes réflexions m’échappent, mon âme plonge dans ses iris, absorbée, aspirée, avalée.

Le volatile a disparu, ne reste que le couloir kaléidoscopique dans lequel il m’a entrainé. La vérité se dévoile toute entière, il n’y a jamais eu de volatile, seulement un passeur. Un Charon recouvert de plumes, dissimulé sous un éventail hypnotique, un piège dans lequel on ne peut qu’accepter de se laisser entrainer, de bonne grâce.

Un passage, un pont, qui transcende, délaisse les corps et emporte les âmes. Je suis seul à présent, de mon rêve étrange ne persiste qu’une plume.

Une plume qui n’est pas qu’une plume. Plus encore que l’outil du poète, une clé.

 

6 aout 2018

 

Appliquer les couleurs, les étendre jusqu’à les faire nuances, grossières ou discrètes. Souligner les yeux, sublimer le regard. Rehausser les lèvres et les traits, un à un, ou les faire disparaître.

Travestir le corps jusqu’à ce que le reflet traduise le personnage.

L’habiller, le sublimer ou tout au contraire le rendre quelconque pour mieux l’effacer.

Combien de rôles jouons-nous dans une même vie ? Combien de fois changer de personnage pour plaire au public ou le fuir ? Et quand, quand trouver le rôle de nos vies ?

La vie n’est pas qu’un théâtre, la vie ce n’est pas qu’un rôle et un seul. Elle est à la croisée des chemins. Elle est l’espace entre ce que nous croyons être, ce que nous sommes et ce que nous dévoilons.

Nous sommes tout à la fois public critique, auteur et acteur sur une scène que nous n’avons pas choisie, ou si peu.

Et ce rôle que nous endossons chaque jour, il n’appartient qu’à nous de savoir pour qui nous le jouons.

 

7 aout 2018

 

Arbres étranges.

Eux n’aident pas à respirer, ils asphyxient. Ils emprisonnent. Cases après cases, les unes sur les autres, assemblées, poussées, suspendues, écrasent l’humain.

Symétrie dérangeante, façades qui se répondent. Lignes et figures se confondent jusqu’à confondre ceux qui arpentent les rues qu’elles dessinent.

Formes rigides, solides, carcans. Tombeaux. Verticalité qui n’élève ni l’âme ni le corps.

Nécessaire pourtant.

Des boites. Des boites à humain, les unes sur les autres dont nous perpétuons les schémas jusque dans nos interactions.

Les uns sur les autres, oui, mais pas mélangés. Ne pas se voir pour mieux vivre son propre oubli, masquer son propre mépris pour nous-mêmes et ce voisin que nous n’avons jamais vu.

Solution à la surpopulation, ultime recours d’un système, système de pensée, système économique, civilisation.

Ainsi, si tout s’effondre, voici tout ce que nous laisserons de nous.

 

8 aout 2018

 

Mon royaume est d’or pur. Je suis riche.

Je suis riche de tout ce qu’on ne possède pas, de tout ce qu’on ne peut posséder, comme certains sont riches de ces choses dont ils ne savent jouir. Sans même réaliser que ce sont elles qui les possèdent.

Non, tout cela n’est pas à moi, et pourtant cela m’appartient. J’en ai la responsabilité chaque jour, je me dois de l’entretenir, je puis en jouir, arpenter ces rues, poser ma main sur les troncs de ces arbres ou la façade de ce temple.

N’est-ce pas la définition de l’appartenance ?

Ce monde m’appartient au même titre que je lui appartiens.

Mais je ne le possède pas, et je n’ai que faire de cette sorte de richesse dont s’enivre ceux convaincus de vivre toujours.

Non, moi, je suis riche de ces secondes où la lumière transforme le monde en or.

Ces secondes sont à moi, et du temps à l’espace, je n’ai pas seulement, je suis.

 

9 aout 2018

 

Le chat et le lion

 

Il y a plus qu’une ressemblance troublante dans ses traits.

Les règles sociales auxquelles il se soumet, ses mouvements, et l’affection qu’ils trahissent transcendent notre vision de l’animal comme son regard nous transperce, nous dérange.

Nous sommes aussi différents que le lion et le chat, et pourtant notre lien ne peut être renié. Similaires et dissemblables, sans que rien ne nous oppose vraiment si ce n’est les barrières que nous autres avons appris à construire entre nous et le monde, puis entre chacun de nous, jusqu’en nous-mêmes enfin. Pour mieux renier l’instinct au profit d’une réflexion dénuée de sens, toute autant que gorgée d’ego.

Peut-être est-ce pour cela que nous les négligeons tant, leur existence même nous jette au visage tout ce qui nous échappe à nous autres, être humains civilisés. Leur lien à ce qui les entoure nous est étranger.

Dans notre posture face à eux résonne toute la fierté d’une évolution dans laquelle nous ne sommes pour rien. Nous aurions pu en faire le lien vers des racines que nous ne distinguons plus de notre piédestal, un Roi Singe, rieur et malin, indomptable autrement que par la raison et la paix.

Plus qu’un souvenir, un pan légendaire de notre histoire qui a lui seul aurait tissé une autre relation à nos lointains cousins. Et à travers eux, à tout ce qui nous entoure.

 

10 aout 2018

 

Pénitence

 

Le son des tambours et caisses claires résonne tel le fracas du ciel. La pénitence est bruyante tout autant qu’anonyme.

Sous les masques de cérémonie les hommes jouent et rejouent leur litanie passionnelle, profondément chrétienne, empreinte de foi. Et si dérangeante pour quiconque voit dans ces masques la parenté non désirée d’autres costumes, dans d’autres contrées.

Étaient-ce un lointain souvenir, une image encrée dans des peurs enfantines qui inspira ceux qui les détournèrent, loin, bien loin de leur sens, loin de leurs origines ? Si loin, que malgré eux, ceux qui les revêtent aujourd’hui encore comme un symbole de leur « supériorité » y voient toute leur ferveur waspienne… quand ces capuchons furent crées par des chrétiens.

Mais connaître l’ironie de la chose ne me fait pas moins me sentir mal à l’aise devant ces processions.

Il ne s’agit que de coutumes anciennes, nullement affiliées à ce qu’elles me rappellent. Comme tant d’autres symboles leur origine n’a rien de fanatique, rien de malsain, les symboles ne sont que ce que nous en faisons.

Je me sens idiot de ne pouvoir, de ne savoir, me défaire de ce sens que ces costumes revêtent pour moi, car d’une certaine manière, je donne raison à celui qui l’a galvaudé. Il a gagné. Ils ont gagné. Et je ne sais quelle posture adopter.

Je voudrais pouvoir condamner ceux qui les portent aujourd’hui devant moi, mais j’ignore ce qui les a amener à les revêtir. Tout comme sans doute certains voudraient condamner celles qui ceignent leurs cheveux d’un voile, y voyant un acte de foi quand il ne s’agit que d’une coutume.

Alors je me tais pour ne pas devenir comme ceux-là, et mon silence devient un acte de résistance, de tolérance aussi. À travers lui, je refuse de donner raison à l’ignorance, à la bêtise, à la violence. À travers lui, je fais preuve d’un respect, timide certes, mais qui précède au respect mutuel, à l’acceptation de l’autre.

Commenter cet article